Combien de nos clients français « parfaitement bilingues » n’hésitent pas à traduire les anglicismes éventuellement par eventually [finalement] ou encore actuellement par actually [en réalité] ?
Les faux amis et anglicismes se terrent partout où on ne les attend pas, eux qui semblent faciliter la vie de celui qui s’exprime dans une autre langue pour finalement mieux le duper [deceive]. La mauvaise foi pousse parfois le fautif, lorsqu’on le corrige, à arguer qu’une trahison ou une tromperie [deception] demeure toujours une déception [disappointment].
Cas d’école (rapporté par Xavier Combe) :
Le PDG d’un grand groupe, lors de la présentation des résultats annuels, en vient à la croissance externe et s’arrête sur les dernières acquisitions du groupe.
« We acquired the Company XXX, the process is completed but it was a deception ».
Le terme met la puce à l’oreille d’un analyste britannique qui, surpris, s’enquiert :
« You mentioned a deception with Company XXX, what did you mean ? You didn’t carry out the due dilligence ? Where did that due dilligence lie ?
– No, no, just a little deception, no big deal. »
L’analyste financier repart donc avec l’impression que ce PDG, en plus d’être facilement dupé par des escrocs, considère que ça n’est pas bien grave.
Le traducteur est parfois considéré comme un traître (Traduttore traditore, disent les Italiens), mais c’est souvent un traître plus fidèle à votre pensée que vous ne pensez l’être vous-même. De là à laisser faire les professionnels…